{ Less is more
Que pouvait-on attendre d’un artiste qui compte parmi ses amis Kid 606 ou Matmos ? Un album barré et inspiré, peut-être ? Ben oui, Suppressive est à peu près ça…
J Doërk, alias Lesser, est un personnage : punk pour toujours, esthète à ses heures, responsable des mises en lumière de Matmos et de Björk, le bonhomme ne laisse pas indifférent. Et c’est pareil pour sa musique. Elle peut agacer, paraître rébarbative, mais en tout cas elle surprend, interloque. Dans ce gloubiboulga sonore, Lesser injecte son histoire et ses obsessions : des fulgurances punk, des noirceurs de l’âme, des dérapages électroniques, des trous d’air, des accroches hip-hop, de l’humour, et une bonne dose d’aléatoire.
Tout comme ses copains de Matmos, Lesser a une approche conceptuelle de la musique électronique. Suppressive Acts I-X est donc construit sur les 50 mêmes samples, ce qui renforce encore la cohérence d’un disque dont la structure est primordiale : après la fausse piste heavy-metal du titre d’ouverture, c’est l’explosion sonore numérique, où glitches et beeps cohabitent plus ou moins dans un magma apparemment informe. De ce magma s’extrait finalement un semblant de structure connue avec la percée hip-hop de {Dandy In The Fedora}. Après ce titre, l’album bascule vers des territoires nettement plus sombres, mais d’autant plus passionnants. Les trous noirs et le silence apparaissent, les rythmiques affolées se ralentissent, et les sons s’obscurcissent. Lesser en vient finalement à traiter sa musique comme sa lumière, cachant une structure minutieuse derrière un bordel de pacotilles, jouant de clairs-obscurs comme d’autres jouent des arpèges. }
Frankie Clanché