{ Fort en bouche.
Attaquée de toutes parts, la pop psychédélique et débridée de Steve Webster et Toby Jenkins a bien du mal à marcher droit. Et c’est bien mieux comme ça. Rarement un titre et une pochette n’auront aussi bien décrits un disque. Pretty Monster, c’est exactement comme le Port-Salut : c’est marqué dessus. L’espace de 14 titres, les deux compères de Fort Lauderdale nous embarquent, hilares, à bord d’un monstre pop aux atours aussi clinquants qu’attrayants, aussi grotesques que savoureux : guitares hard-rock FM, psychédélisme glam-rock, folk mitonné flower power, bref, un drôle de magma sonore qu’il faudra digérer tranquillement sous peine de renvois intempestifs.
Pourtant les anglais ne nous avaient pas habitués à de pareils épanchements sur leurs deux premières livraisons, et notamment sur le très réussi Time Is Of The Essence de 2001. Mais comme tous leurs camarades de chambrée de chez Memphis Industries (Broadway Project, The Go ! Team, J.Xaverre), ils cachent bien leur jeu, et associent à leur amour de la pop un humour et un sens de l’extravagance tout à fait British. Il n’est donc pas spécialement étonnant de reconnaître ça et là l’influence de grands dandys extravangants (Marc Bolan et son T-Rex sur les ballades Prey To The Stars et My Vacant Mind, les Kinks un peu partout). Il est plus surprenant de retrouver des accents sudistes au cœur de l’instru Sexy Creature (clin d’œil à peine déguisé aux extraordinaires Meters), des bouts de Black Rebel Motorcycle Club dans un Rock’n’Roll un brin moqueur, et même des morceaux de Jamaïque et de Gainsbourg dans Force Of Nature.
Un disque forcément riche, donc, qui s’apprécie peut-être mieux en plusieurs prises, genre matin-midi-soir, mais un disque qui mérite en tout cas de figurer aux menus des meilleures tables de la pop actuelle. }
Frankie Clanché

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