{Un John Barry pour les années post-house?
Les collaborations avec U2, Björk et Madonna ne sont qu'un volet de la carrière de Craig Armstrong. Sans être un Ennio Morricone de la production de musique de film [les Inrocks, dans leur spécial B.o.f sorti en août 2001, en recensait 400 en 40 ans de carrière!] son carnet de commande a davantage été rempli par l'industrie du cinéma que celle du disque. Ses choix personnels (Plunkett & McLeane, Moulin Rouge, Bone Collector, Romeo+Juliet mais aussi le théâtre Tron de Glasgow) font état de la modernité du compositeur touche-à-tout de l'orchestration et des arrangements. Entre les thèmes musicaux de Mission Impossible et la préparation d'un second album ( As if to nothing prévu en 2002) Craig Armstrong s'est donc fendu d'une partition pour une des productions de Luc Besson avec Jet Li et Bridget Fonda. Ce volume commence par as if you said nothing sorte de unfinished sympathy (Massive Attack) propulsé dans les années 2000. Le thème du film se décline lui sur les 19 autres parties qui composent Symphony for Isabelle, enregistré pour partie à Digital Factory, les nouveaux studios techniques de Luc Besson en Normandie. Écrire la bande originale du film The kiss of the dragon rebaptisé le baiser mortel du dragon fait partie du travail d'orfèvre de Craig Armstrong.
Dans ce jeu de l'écriture invisible par nature mais pointu par essence il sait mélanger les orchestrations symphoniques et l'électronique dans les arrangements du thème musical. Ainsi s'il lui faut convoquer une trentaine de violons (dont il raffole) pour illustrer son propos ils seront tous employés [part 6-7-8-12-14]. La tonalité ainsi dégagée assure un coussin pour les parties rythmiques [partie 13-19] et les climats plus tendus[part 16].
A l'exercice réputé difficile de soutenir l'action sans l'envahir, susciter l'émotion sans la forcer Craig Armstrong a montré qu'il avait le talent facile des Lalo Schiffrin et autres Michel Colombier. }